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Arrived Somewhere
29 janvier 2013

The Raven That Refused to sing (and other stories) -Steven Wilson

the raven

Etre fascinée est ce que je recherche en musique. Avec Steven Wilson et encore une fois avec cet album, la fascination opère.

Libéré de tout code en matière de composition depuis le début de sa carrière solo, il se laisse aller à toutes ses envies . Ici, il nous livre une oeuvre qui balaie l'étendue de ses influences, de sa palette personnelle, de la personnalité de chacun des projets sur lesquels il a travaillé (Anathema , Opeth ,King Crimson..). Ça et là on perçoit des touches de Blackfield ou des empreintes de Porcupine Tree sur une base teintée de la même atmosphère inquiétante et surnaturelle que celle de Grace For Drowning. Tout ce que Wilson fait de mieux , allié à la couleur du rock prog des années70, une démarche très moderne qui puise ses influences dans le passé pour créer un nouveau canevas, un nouveau florilège de sons . Wilson parvient à nous étonner tout en nous laissant quelques repères, là où Insurgentes était un véritable OVNI, ici ,nous ne sommes pas totalement dépaysés.

Cet album est une merveille, une caverne remplie de trésors. Les pépites s'égrènent tout le long de l'opus jusqu'au joyau, au diamant brut, le titre éponyme, qui à mon avis est ce que Wilson a fait de plus beau à ce jour.

L'album est court, contrastant avec le double-album qui le précède, comme si Wilson avait souhaité révéler au plus vite ces 6 compositions de haute volée,qui bénéficient du même coup d'une cohérence remarquable.

Steven nous conte ici 6 histoires de fantômes, un peu comme l'avait fait Gazpacho sur « March of Ghosts ». Il nous immerge là encore dans un univers sombre, quoique l'on puisse percevoir dans cet opus quelques rayons de lumière. Là où Insurgentes n'était que pure noirceur, ici le ciel se dégage un peu...musicalement parlant, car les thèmes de chaque morceau sont loin d'être guillerets: un fantôme pensant être encore en vie, un corbeau incarnant un être disparu pour un vieillard hanté par le souvenir, un autre sortant de sa torpeur et réalisant plusieurs années après le drame la perte de son aimée, une joute alcoolisée avec le diable lui-même...c'est à la frontière de la vie et de la mort que nous nous situons, c'est la place de la vie dans la mort , de la mort dans la vie qui est questionnée, ce poids que chacun a sur les épaules comme l'explique Steven Wilson, sûrement profondément marqué par la perte de son père.

 

Avec Luminol l'énergie nous happe dès le commencement, la basse est reine et redoutable.

On vibre!s'ensuit une partie plus calme où la voix est bien mise en valeur. Marque de fabrique Wilsonienne,les superpositions vocales et leurs harmonies brillent. Puis, on plonge. Nappes de claviers inquiétants et rythme de basse pesant, d'où se dégage une intense émotion. Pour le final, monumental, les notes de guitare virevoltent et la batterie s'affole.

 

La très mélancolique Drive Home commence en toute simplicité, à la manière d'un morceau de Blackfield, on nous livre une très belle mélodie enrobée de violons et de quelques arpèges. Dans la deuxième moitié du morceau, on entre dans une autre dimension. Là où un Blackfield se serait arrêté là, le morceau s'offre un magnifique développement. Effectivement, avec le dernier Blackfield, j'avais eu l'impression d'être face à des introductions, brillantes mais amputées d'un développement digne de ce nom. Ici, passés les quatre premières minutes, on passe aux choses sérieuses. C'est avec Guthrie Govan que la magie opère! Une succession de longues notes se donnant le relai sans rupture, faisant grimper l'intensité , jusqu'au solo qui donne la chair de poule. Sublime!

 

The Holy Drinker nous ramène dans le paysage de Remainder The Black Dog et ses digressions, les mêmes que j'avais eu tant de mal à appréhender lors de mes premières écoutes de GFD, voilà qu'ici elles coulent de source à mes oreilles! La texture free-jazz des 2 premières minutes est suivie d'un passage chanté et de la première apparition du riff ravageur qui sera la conclusion démente du morceau. Une transition très inspirée, un délicieux passage de saxo serein et une 6ème minute jouissive où un magistral passage de clavier précède une descente vertigineuse. On atterrit dans une forêt lugubre peuplée de loups. La voix de Steven se fait guide à travers l'obscurité,puis plus inquiétante et environnée de sonorités étranges. Cette errance s'achève dans un souffle et c'est la rencontre avec le mal, le riff qui va faire vibrer les salles de concert est là! Tout simplement grandiose!

 

The Pin Drop pourrait passer pour un morceau simpliste au regard du reste mais ce serait passer à côté d'un beau moment d'émotion. La voix y trouve une place de choix. Tout en restant douce et d'une justesse sans faille, elle est plus profonde,plus poussée, extrêmement bien mise en valeur aux côtés de délicats arpèges. Ce morceau m'évoque la rythmique d' « Everything » d'Anathema, mais aussi « Way out of Here » de Porcupine Tree, distillant son atmosphère désabusée qui sombre dans une forme de violence contenue, magnifiée, un tourbillon dans lequel le saxo s'envole et les guitares se font oppressantes. Spiralaire et enivrant, ce morceau n'a vraiment rien d'anecdotique!

 

The Watchmaker est une pièce en plusieurs actes dans laquelle Wilson nous ballade d'atmosphères éthérées en univers saturés. Il se fait d'abord conteur, puis ça se complique. L'auditeur est charmé par la flûte aérienne puis emporté par une accélération brutale, soulevé par la puissance du clavier, puis de la guitare. On le redépose ensuite sur terre pour le laisser reprendre son souffle. Durant ce tour de montagnes russes , j'ai le temps d'apercevoir une ligne de piano à la Anathema (la fin du morceau « Universal », rappelons que Wilson était au mixage sur WHBWH) et tiens, le son Camel (le clavier de « air Born »). Remuée en tout sens, je ne sais plus d'où nous sommes partis et où nous allons. Et puis c'est la surprise! - Je dois avoir à peu près la même réaction que le personnage lunaire de la pochette, bouche bée et les yeux écarquillés- un final improbable tout en puissance, dense, fait de superpositions mais sans le côté dissonant et bruitiste à la limite du soutenable qui ont la part belle sur Insurgentes. Ici le dosage est savant, c'est intense, diaboliquement bon mais sans sombrer dans l'infernal. Voilà la fascination qui me tient tant à coeur, elle est encore là! Elle transpire de chaque note de ce fameux final!

 

Nous voici arrivés à l'ultime morceau, bientôt le voyage s'achevera. Il est difficile de trouver des mots assez justes pour décrire   The Raven That Refused To Sing. Quelques mois avant la sortie de l'album, en voyant les vidéos de son enregistrement mises en ligne, la mélodie de The Raven s'était immédiatement imprimée en moi, déclenchant les détecteurs de futur moment d'apothéose. C'est donc avec un immense curiosité que j'ai commencé l'album par la fin, pour me régaler de cette sublime mélodie. Le morceau est à la hauteur de mes espérances. L'introduction à la saveur de Drag Rope (Storm Corrosion). On s'attend à entendre Mickael Akerfeltd et son « Now my dear friend, now for your sins... », mais c'est le piano qui fait son entrée et Steven qui déclame « Sing for me-Sing for me-You can come with me.. ».On se sent déjà décoller de terre, en lévitation autour de la mélodie vocale. Sans crier gare, on nous décoche une flèche en plein coeur, ce violon triste, qui se lamente doucement.

« Just because I'm weak-You can steal my dreams » et comme une prière, la lamentation « Sing- sing-cry... »déchire ce voile délicat.L'émotion monte tandis que Steven scande « Sing to me Raven

I miss you so much ». On croit avoir atteint des sommets de somptuosité mais ce qui suit est toujours plus beau que ce qui précède. Une basse du plus en plus présente, des guitares plus pregnantes, reprenant le thème principal .La flûte virevolte au dessus de cette déferlante de son et la magie envahit chaque recoin de l'espace. Le silence qui suit les dernières notes de piano résonne encore de toutes ces vibrations. Je crois qu'on a atteint le sublime...

 

En attendant le 25 février où le facteur apportera notre sésame et le 8 mars où nous retrouverons à nouveau Steven sur scène (pour un concert qui s'annonce grandiose puisque l'intégralité de l'album y sera joué), je l'avoue , j'ai craqué devant la possibilité de découvrir l'album si tôt ... reflet de mon impatience. Evidemment je soutiens financièrement cet artiste, comme la plupart de ceux qui ont eu la curiosité de cliquer. Une découverte précoce qui n'est qu'un avant-gout avant l'écoute en qualité maximale, avant la possibilité de feuilleter le coffret et de vibrer en live avec Steven et ses brillants musiciens.

J'ajoute que l'Artwork est signé Hajo Mueller,c'est très beau (mis à part cette lune en couverture) , très romantique, au sens littéraire,et ça nous change de Lasse Hoile.

Pour acheter l'album, c'est ici --> http://www.kscopemusic.com/store

 

 

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Commentaires
F
superbe chronique, j'ai aussi éprouvé tous ces sentiments à l'écoute de ce magnifique album un peu avant sa sortie. Il est vraiment magnifique et Steven est au sommet... que d'émotions nous traversent comme autant de flèches au coeur à son écoute ! Ce mélange de lumière et d'ombre qui nous enveloppe d'un bout à l'autre, sa voix qu'il n'a jamais si bien mise en valeur, la virtuosité des musiciens, la somptuosité des compositions, la richesse des orchestrations... difficile de décrire l'intensité des émotions à l'écoute de ce chef-d'oeuvre qui n'a pas encore dévoilé tous ses secrets. Et que dire de mon impatience qui ne cesse de grandir en attendant son passage à PARIS. Bravo pour ta super chronique Susan et merci Steven.
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