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Arrived Somewhere
29 février 2016

Steven Wilson -Four And a Half - Janvier 2016

sw four and a half vinyl slip

Intermède entre le brillant Hand Cannot Erase sorti en février 2015 et le cinquième futur album solo de Steven Wilson, Four And a Half nous permet donc de patienter avec des morceaux largement connectés à Hand Cannot Erase ou à The Raven That Refused To Sing, Laissés de côté ,ne collant pas tout à fait au concept des deux derniers merveilleux albums de l'artiste, ces morceaux sont à présents réunis . Le résultat est-il à la hauteur de la réputation et du perfectionnisme de l'artiste ? C'est ce que l'on est en droit de se demander …

Il apparaît que la réunion de ces morceaux donne le sentiment d'un manque de cohérence. Il faut l'avouer, nous ne sommes pas dans l'excellence à laquelle Steven nous avait habitués. Pourtant,ne boudons pas un certain plaisir, car en dépit de ce manque de cohérence, ces compositions portent tout de même la marque du talent Wilsonnien.

 

My book Of Regrets fut écrit en 2013 pour HCE. Ce morceau de 10 minutes fut présenté durant la deuxième partie de la tournée 2015. Je me souviens avoir apprécié, à ce moment,la partie centrale du morceau , et avoir ressenti un enthousiasme très modéré sur l'intro et la conclusion,en espérant que mon ressenti évoluerait en le découvrant sur l'album. La version que nous entendons sur

Four And a Half est une version hybride entre enregistrement studio et enregistrement live, ce qui permit ,selon Wilson,d'obtenir un résultat supérieur à la composition de départ. Les musiciens,affranchis de la pression de l'enregistrement et transportés par l'expérience live auraient alors livré une performance à l'énergie toute particulière. Ce qui ressort de ce morceau est effectivement le sentiment que chaque musicien a bénéficié d'un espace d'expression considérable.

En effet, passée une introduction (qui, je persiste, se révèle fade à mon goût), construite autour d'un couplet pop, d'un riff qui se veut accrocheur et d'un refrain me laissant de marbre (sans compter les réminiscences de compositions antérieures:The Pin Drop et surtout le break à la saveur affirmée d'un Time Flies),on bascule soudainement dans un parcours aux multiples circonvolutions. Les claviers virtuoses ,la basse trépidante et les guitares vitaminées sont lâchés et galopent à bride abattue. Après ce passage qu'on peut qualifier de régal instrumental,on nous replonge dans une atmosphère où les nappes sonores semblent sorties d'Insurgentes et soutiennent une mélodie douce et touchante. Une guitare Camélienne surgit,pour un solo de qualité ,suivi d'un très beau passage de clavier aérien. Enfin, comme un retour à une réalité décevante,on retrouve le thème de départ, pas plus inspiré que cela...

Heureusement, on retrouve ,avec Year Of The Plague, ce son de violon qui fut si bouleversant dans The Raven That Refused To Sing. Il va sans dire que ce morceau fut écrit durant les sessions d'enregistrement de cet album. Ce violon triste s'allie à la délicatesse d'une guitare acoustique,auxquels viennent se greffer une brume de clavier et quelques notes de piano en arrière plan. On retrouve l'ivresse mélancolique des plus beaux moments de l'oeuvre de Wilson,mais pour un moment trop court. On aurait pu imaginer que ceci soit l'introduction d'un nouveau chef d'oeuvre du maître. Avec Happiness III, Steven livre une chanson typiquement pop,qui véhicule un optimisme non-habituel . Wilson l'avoue lui-même ,ce n'est pas ce qu'il sait faire le mieux. Ce morceau fut écrit en 2003,avant la sortie de Deadwing et enregistré en même temps qu'HCE . Le rythme est soutenu et le morceau,homogène,se termine sur un fondu (ce qui a le don de m'agacer,surtout pour un compositeur de cette trempe qui sait à merveille construire des morceaux et les soigner de la première à la dernière note!). 

Steven se rattrape haut la main avec Sunday Rain Set ,qui est un ravissement. Pensé comme une B.O de film,c'est un terrain fertile pour l'imagination. Dans la savoureuse introduction, un motif de piano s'impose avec délice . Puis on est transporté dans un bar de gangsters, mal famé, enfumé ,aux prises avec une tension , un danger diffus . Le calme ,tout relatif, teinté de mystère,prime au travers de ces notes de piano est ces doux arpèges de guitare.Un sursaut nous confronte soudain à l'apparition d'une menace,suivie d'une nouvelle plongée dans la nuit et de l' errance dans une rue sombre et déserte. Voilà le talent de Wilson à l'oeuvre, l'inspiration au rendez-vous.

Vermillioncore m'a d'abord décontenancée,pour devenir addictif au fil des écoutes. Ecrit en 2013 et achevé en 2015,ce morceau surprenant et monté sur ressorts ,épate par l'énergie considérable déployée par les explosions de guitares,la puissance des lignes de basse et surtout l'utilisation pétillante de sons électroniques,sans oublier le jeu de grande qualité de Craig Blundell .

Il me semble que ce morceau établit un lien fort entre le style du passé (celui de Porcupine Tree ) et ce vers quoi Wilson pourrait se tourner dans le futur.L'introduction a le parfum d'un  Hate Song ou d'un  Strip The Soul, puis cette impression se dissipe et le morceau change d'orientation. On accoste sur des terres électroniques où s'expriment largement des guitares au son heavy. On pourrait ,en entendant cela, prendre Wilson au mot lorsqu'il évoque sa volonté de revenir à un son heavy d'une manière originale,dans un nouveau contexte,loin des clichés métal. Vermillioncore

pourrait préfigurer d'une nouvelle orientation, d'un son électro-heavy dans lequel Wilson pourrait puiser de nouvelles inspirations . Le futur me donnera tort ou raison...

Cet album se termine par une nouvelle version de Don't Hate Me ,paru à l'origine sur l'album Stupid Dream en 1999. Cette nouvelle version fut enregistrée en live en Septembre 2015. Elle n'est pas foncièrement différente de l'originale,si ce n'est que Ninet Tayeb y dépose sa voix sensuelle sur les refrains,tandis que Wilson se charge des couplets,avec un chant plus maîtrisé qu'à l'époque de Stupid Dream . Ce qui était un triste monologue se métamorphose en un échange abstrait entre deux protagonistes, sans que le sens du morceau n'en soit modifié, puisque la solitude et l'isolation est toujours la même . On peut penser toutefois que l'apparition de la voix féminine fait entrer ce morceau dans le concept d' HCE.

 

Si je fais le bilan de cette sortie, en laissant de côté mon admiration pour l'artiste, j'avoue que je ne parviens pas à considérer Four And a Half comme un réel album . Collection,réunion de morceaux sans cohérence ,il me laisse une impression très mitigée .

Des déceptions : ce Book of Regrets décousu,qui malgré des parties inspirées ,où les musiciens brillent, me semble difficilement compréhensible. Encadré par un refrain manquant de cohésion avec sa partie centrale,ce morceau m'apparaît bancal et pour finir, disharmonieux.

Je regrette aussi la tendance à l'auto-plagiat relevée à divers moments et le trop douceâtre et insouciant Happiness III, qui trouve difficilement sa place dans l'oeuvre de Wilson solo.

Et de bonnes surprises : Year Of The Plague et son violon vibrant, le cinématique

Sunday Rain Set et le son surpuissant et captivant de Vermillioncore.

Steven saura faire oublier ce tout juste bon intermède en nous concoctant,j'en suis sûre, un 5ème album,qui comme les autres se révèlera prodigieux . Prenons alors cette collection d'inédits pour ce qu'elle est,un hors d'oeuvre en attendant le plat principal.

 

 

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Commentaires
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Ecoutez absolument les albums "The Raven That Refused To Sing" et " Hand Cannot Erase". La voix de Steven n'est pas ce qu'il faut retenir , sa musique est exceptionnelle ,il faut approfondir cette découverte,vous m'en direz des nouvelles!
B
Je n'avais jamais entendu parlé de Steven Wilson jusqu'à maintenant ^^. Je suis en train d'écouter ce dernier album donc et je partage le même point de vue que vous pour les morceaux (sauf pour Vermillioncore que je trouve énorme). Je préfère les morceaux instrumentaux, j'ai un peu de mal à accrocher à la voix de Steven.<br /> <br /> En tout cas merci à vous de cette découverte
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