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Arrived Somewhere
18 décembre 2015

Petter Carlsen - Sirens - Septembre 2014

 

Après le mélodique You go bird  en 2009 et le très mélancolique Clocks don't Count  en 2011, Sirens est le troisième album du Norvégien Petter Carlsen. L'album sortit en septembre 2014 et fut mixé par Christer André Cederberg, officiant également pour Anathema. C'est d'ailleurs Anathema qui permit à Petter d'accéder à une plus grande reconnaissance en lui permettant de s'exprimer sur scène en première partie de leur tournée We're Here Because We're Here en 2011, après avoir prêté une oreille attentive au premier album de Petter et en avoir conclu que ce jeune homme avait un sacré talent. Petter est effectivement un compositeur talentueux et il nous livre avec Sirens un album , qui , sous une apparente simplicité, se révèle incarnation de subtilité et figure de l'émotion à l'état pur. Unique et difficilement classable, cette musique se vit et s'approche par le cœur plus que par la raison. N'y cherchez pas démonstration technique d'une guitare rugissante ou d'un clavier virtuose prenant d'assaut le paysage sonore. Laissez-vous plutôt envelopper par la profondeur des basses, le raffinement des sonorités,glissez dans ces atmosphères froides et étourdissantes.Laissez-vous enivrer par la remarquable prestation vocale de Petter conjuguant puissance, justesse et beauté délicate. Indéniablement , Petter injecte dans ses compositions son identité nordique car transis, nous ne pouvons qu'imaginer errer dans un décor enneigé, dans des espaces immenses et purs.

 

Petter Carlsen - You Could Be The One (live)

L'album débute dans la brume opaque traversée par la voix de Petter,dans un souffle fragile.

Epuré, You Could Be The One pose son climat obscur avec une nappe de longs accords, résultat de la superposition de notes obtenues à l'archet sur une basse dulcimer. Le rythme, très lent et se voulant inquiétant ,presque menaçant, évoque les secondes impassibles martelées sur l'horloge et s'accompagne de tintements discrètement disséminés .

Soudain, le son s'évapore, pour un bref intermède où nous voici happé dans un vide immense, espace vierge,écrin vertigineux de la résonance céleste de la voix de Petter. Un sentiment d'absence, de néant règne. Puis ,les sonorités d'arrière plan reprennent et s'étoffent,gagnant en consistance ,à mesure que les boucles sonores se superposent.

Enfin, la voix s'éteint et le morceau achève son œuvre hypnotique dans un vrombissement lancinant,tandis que le rythme,toujours implacable,nous tient en haleine jusqu'à ce que le rideau se ferme dans une ultime résonance.

Sur Tiger ,la voix s'affirme et le morceau,très mélodique s'enrobe d'une basse prégnante et d'éminentes percussions qui rugissent et claquent comme des grondements de tonnerre. Des passages de guitare électrisants viennent soutenir l'émotion et garantir au morceau son éloquence et sa brillance. Le son y est prodigieux, pour peu qu'on s'offre une écoute de qualité . Le morceau fourmille d'effets toujours placés avec justesse et intelligence et laisse admiratif du travail de composition d'orfèvre de Petter.

Les arpèges de guitare,fidèle compagne, sont posés judicieusement au long de From The Outside.

La voix s'y révèle somptueuse , chant haut de gamme pour une mélodie émotionnelle à souhait .C'est un morceau qui exhorte à pousser la chansonnette pour accompagner Petter dans sa mélopée exaltée.En même temps qu'il apaise , il donne de la voix à nos sensibilités bridées.

L'instrumentale Wings agit comme une photographie de l'environnement de l'artiste et prouve à quel point l'identité, l'essence d'un lieu peut l'influencer. Ce son , qui évoque Radiohead ou Sigur Ros, agit comme une brume de paix,une vaporisation d'éther dans un monde de glace. Avec minimalisme et un aspect typiquement ambiant, il nous laisse en apesanteur, dans la contemplation de beautés irréelles.

Avec une voix revêtant un costume plus androgyne et une ambiance à l'arrière goût pop new-wave,du moins à travers le filtre de ma perception toute personnelle, Never Leave Me marque le début d'une perte de vitesse dans la fascination que produit cet album, qui vraisemblablement ne détrônera pas Clocks Don't Count dans mon cœur. Pourtant, la dernière minute deYou Begin Where Everything Ends se renouvelle et saisit par son intensité, mais pour des instants hélas trop courts. De même , Days Like These offre une deuxième partie pleine de fantaisie et d'où l'émotion reprend le flambeau en le tenant fièrement pour guider nos pas jusqu'au bout du voyage.

Cela ne suffira pas à produire un album parfait ,mais en rester là ne serait faire honneur au talent de composition de Petter Carlsen,qui a disséminé , tout au long de cet album si personnel son sens aiguisé de la mélodie,sa capacité à déployer des ambiances cinématiques, toujours en progression et vectrices d'émotions, et sa maîtrise des éléments sonores,riches dans leur sobriété,resplendissantes derrière leur relative simplicité et se révélant prodiges à celui qui saura les entendre,transporté dans les vastes étendues sauvages et glaçantes que Petter sut brillamment tisser de ses doigts d'elfe.

 

 

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