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Arrived Somewhere
21 octobre 2013

Camel- Harbour of Tears-1996

harbour

Il apparaît évident à l'écoute de cet album que la musique possède ce fabuleux pouvoir d'imprimer en nous des images d'une clarté parfaite. Mieux que les mots , elle dépose avec limpidité des sensations palpables, à l'origine des sens. Miracle de la musique, on ne se contente plus d'imaginer, on vit en d'autres lieux et en d'autres temps. On goûte à des émotions qui deviennent alors les nôtres. Derrière nos yeux se déroulent l'histoire d'un ailleurs. Dans « Harbour of tears »,sorti en 1996,12ème album de Camel ,5 ans après le très réussi « Dust and dream », Andy Latimer ne nous conte pas simplement l'histoire de ses ancêtres Irlandais quittant leur terre pour une vie meilleure, il nous permet de voyager et d'incarner ces personnages.

C'est ainsi que nous nous retrouvons à Cork ,sur le port des larmes,pour des adieux déchirants, sur mer, le coeur empli d'espérance ou sur la terre promise de nos aïeux,en manque de visages familiers et de l'amour des nôtres. « Harbour of tears » est un livre ouvert, un récit qui s'affranchit de mots.

 

Le voyage commence à Cork. Une voix douce et haut perchée vient nous prendre la main pour nous faire errer au milieu d'une foule triste. « Irish air » ,merveilleuse adaptation d'un chant traditionnel Irlandais accompagne les adieux aux passagers d'un navire en partance. Le thème vocal du début est vite élevé par la flûte et soudainement par une guitare au son chavirant. Ces notes attrapent le coeur et sont bientôt soutenues par la puissance des flûtes irlandaises.

Pour le titre éponyme « Harbour of tears » on assiste à un grand moment de musique, deux voix s'entremêlent , celle du fils à bord du navire qui s'éloigne, et celle du père,resté à quai. Deux mélodies différentes se répondent et représentent les pensées de deux protagonistes, à mesure que le bateau avance, ondulant comme le rythme du morceau .On peut imaginer leurs visages fermés,regardant droit vers l'horizon tandis que le chant nous dévoile les mots qu'ils ne se diront jamais . Avec « Send home the slates » , le dur labeur des ouvriers nous est dépeint. Très hétérogène dans ses sonorités, il contient un aspect classique avec ses airs de symphonie, mais aussi une tonalité traditionnelle avec un retour à des sons typiquement celtiques. Un passage très marqué « Kate Bush -Cloudbusting » côtoie aussi un passage à la Sting.

Dans « Under the moon »,la guitare solitaire est actrice d'un moment d'une extrême mélancolie. La guitare est encore reine durant « Watching the Bobbins », que ne renierait pas un certain David Gilmour ou un Mark Knopfler. On y trouve un passage très « Riversidien »,et on peut penser en entendant cela que Camel est un groupe qui en a ,à priori, inspiré d'autres.

On continue le voyage avec le grandiloquent « Generations » , « Eyes of Ireland » assertion de l'identité forte de ces immigrants Irlandais , qui malgré la distance, gardent leur terre en eux comme un trésor, suivi de « Runnig From Paradise »,intermède instrumental balançant entre gaieté et tristesse. « End of the day » est une valse nocturne,apaisante, introspective, à la recherche des ombres de l'enfance. Le groupe y livre un très beau texte final (le reste sera uniquement instrumental).Le morceau se conclut en transition vers le monumental « Coming of Age »,symphonie pour claviers et guitares aux multiples facettes, superbe et s'achevant de façon si inspirée...pour laisser place à « The Hour Candle »,pièce finale à la mémoire du père. Elle commence comme une balade triste, elle se poursuit en hymne grandiose,faisant de cette conclusion d'album une parfaite réussite,tel un envol. Brumeuse, en lévitation,l'écho de la voix angélique du thème initial « Irish Air » réapparait, fantomatique. Finalement, l'espace sonore se vide. Seul subsite le bruit lointain de l'océan.

 

J'ai lu ça et là que cet album était une déception par rapport à son prédecesseur « Dust and Dreams », reprenant sa construction...j'ai pourtant bien l'impression qu'  « Harbour of Tears » est une oeuvre majeure dans la discographie de Camel.

 

 

 

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